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Ardèche : « Il est extrêmement important d’avoir cette dose de rappel »

Le Préfet de l'Ardèche dans les locaux de Chérie FM Vallée du Rhône. Photo Gauthier Dupraz / Préfecture de l'Ardèche.

Le Préfet de l’Ardèche, Thierry Devimeux, était notre invité ce vendredi. Le représentant de l’Etat continue évidemment d’appeler au respect des gestes barrières et à la vaccination, alors que le département est particulièrement à la traîne…

1/ Chérie FM : Les chiffres liés au covid-19 ont explosé ces derniers jours dans le département, avec 607 cas pour 100 000 habitants. L’Ardèche est toujours le plus mauvais élève de France ?

Thierry Devimeux : « L’Ardèche est effectivement toujours le plus mauvais élève de France. 607, c’est plus du double de la moyenne nationale. Un taux d’incidence élevé, ça veut dire que le virus circule en Ardèche. Il circule beaucoup et surtout très vite, puisque ce taux d’incidence progresse très rapidement d’une journée sur l’autre. C’est difficile à expliquer avec précision, mais on peut dégager deux grandes orientations.

  • La première, c’est probablement, comme partout sur le territoire national, un certain relâchement dans l’application des gestes barrières. On en a tous un peu marre de cette épidémie. Ça fait bientôt deux ans que nous sommes en train de la vivre, et on a eu tendance, après l’été, à croire que c’était fini. Et non, ce n’est pas fini. Ça continue à se développer, voire à s’accélérer.
  • La deuxième raison, et peut être la principale, c’est que nous avons encore un taux de vaccination qui est inférieur à la moyenne nationale et de quatre points, ce qui est beaucoup, et ce qui explique qu’il y ait en Ardèche entre 35 000 et 40.000 personnes qui n’ont pas enclenché leur parcours vaccinal et qui sont donc en capacité de propager le virus très facilement. Surtout que le variant Delta est extrêmement contaminant ». 

Y a-t-il plus de réfractaires en Ardèche qu’ailleurs ?

« L’Ardèche n’est pas le seul département où il y a des réfractaires. Mais on peut dire qu’effectivement, en Ardèche, il y a aujourd’hui un nombre important de personnes qui ne sont pas encore convaincues de l’intérêt du parcours vaccinal. Qui, peut-être, ont des questions, et moi je leur recommande d’aller voir des médecins pour se rassurer, pour trouver des réponses à leurs inquiétudes. Mais il y a aussi des gens qui refusent au nom de leur propre liberté.

Interview du Préfet de l'Ardèche sur Chérie FM Vallée du Rhône.

Le Préfet de l’Ardèche, Thierry Devimeux, s’est rendu dans les studios de Chérie FM Vallée du Rhône pour évoquer la situation sanitaire en Ardèche. Photo Gauthier Dupraz / Préfecture de l’Ardèche.

Se vacciner, ça sert à éviter d’être malade. Quand on est vacciné, on a dix fois moins de chances de développer des formes graves, donc ça sert à se protéger. Et puis, ça sert aussi à être moins contaminant et donc à protéger les autres. Donc, le geste vaccinal, si on le refuse pour soi-même parce qu’on pense que c’est contraire à ses principes ou à ses croyances, il faut quand même le faire pour protéger les autres. Et donc, c’est un acte altruiste. J’insiste beaucoup là-dessus, parce que tant qu’on ne sera pas tous vaccinés, effectivement, le virus pourra continuer à circuler à grande vitesse ».

2/ Vous avez d’ailleurs renforcé la capacité vaccinale avec des opérations. Pensez-vous toucher les plus réfractaires ?

« Nous remettons effectivement en puissance l’offre vaccinale, déjà pour que l’ensemble de la population adulte, les plus de 18 ans et qui ont un schéma vaccinal terminé depuis plus de 5 mois, puissent avoir la dose de rappel, parce qu’on a constaté qu’avec le temps, l’immunité avait tendance à baisser. Et il est donc extrêmement important d’avoir cette dose de rappel, comme on le fait pour le tétanos, ou pour beaucoup de vaccins. Pour permettre de répondre à l’ensemble de la population ardéchoise, on a effectivement monté en puissance les centres de vaccination, on a mobilisé l’ensemble des professions de santé. Et puis, à partir de ce week-end, je crée une équipe de pompiers volante disponible 7 jours sur 7, que j’enverrais aux quatre coins du territoire pour répondre à la demande et proposer une offre de vaccination sans rendez-vous. Cette équipe volante sera destinée à aller dans les territoires les plus éloignés, mais aussi partout où il y aura de la demande. C’est bien-sûr pour la dose de rappel, mais, vous l’avez dit fort justement, c’est aussi pour essayer de convaincre les derniers réfractaires pour qu’ils enclenchent leur processus vaccinal et qu’ils aillent se faire vacciner ».

3/ On parle beaucoup de ce variant Omicron (9 cas déjà recensés dans l’Hexagone, ndlr). Comment convaincre les personnes d’aller se faire vacciner quand il y a encore des incertitudes sur le fait que les vaccins administrés ne sont pas forcément aptes à répondre à ce variant ?

« Sur ce dernier variant pour l’instant, on ne sait pas. Des études sont faites et on verra quels seront les résultats. Ce qu’on sait aujourd’hui, c’est que c’est le variant Delta qui est le plus représenté au niveau national et en Ardèche. Ce variant Delta est extrêmement contaminant. Il est donc important de se protéger et de protéger les autres. Depuis plusieurs jours, voire semaines, j’ai demandé aux forces de l’ordre d’être extrêmement sévères dans le respect des gestes barrières et dans le contrôle du passe sanitaire.

Thierry Devimeux. Photo Préfecture de l’Ardèche.

J’ai aussi sollicité les élus par deux fois, par courrier, pour leur demander de m’aider dans cette politique et de faire en sorte que tous les événements festifs qui se passent sur leur territoire soient bien dans un contexte sanitaire contrôlé, c’est à dire  : respect du passe sanitaire, port du masque, gestes barrières, pour garantir la sécurité sanitaire de chacun et pour essayer de maintenir la plupart des actions de Noël. Que ce soit des rassemblements, des fêtes… Mais attention, le virus circule très vite. Il faut être extrêmement vigilant ».

4/ Justement, de gros événements arrivent, là, sur le territoire. Aujourd’hui, garantissez-vous que tous les marchés de Noël seront maintenus au mois de décembre ?

« J’ai signé un arrêté préfectoral qui va rendre obligatoire le passe sanitaire et le port du masque dans les marchés de Noël, même à l’extérieur et dans toutes les manifestations festives, pour garantir le maximum la sécurité sanitaire et permettre à ces festivités de se tenir. Mais si je m’aperçois que ce n’est pas respecté ou que la situation continue à se dégrader, je serais peut-être amené à prendre d’autres dispositions« . 

5/ Cette semaine, l’épidémiologiste Arnaud Fontanet indiquait qu’il faudrait peut-être ne pas être plus de six à table à Noël. Envisagez-vous de prendre des mesures d’exception, ou un peu plus coercitives au niveau départemental pour les fêtes ?

« Pour l’instant, je ne suis pas dans cette dynamique là. J’espère que les mesures que nous prenons […] suffiront à contenir l’épidémie. Mais effectivement, si ça ne suffit pas – et ça continue de progresser, donc je suis très, très vigilant -, il faudra peut être prendre d’autres mesures. Aujourd’hui, nous avons 80 hospitalisations à peu près dans le département, dont cinq réanimations. C’est à la fois beaucoup et pas beaucoup. Ça veut dire que si le virus circule beaucoup aujourd’hui, parce qu’il y a quand même plus de 70% de la population qui est vaccinée, les hospitalisations ne suivent pas la même progression. Mais là aussi, je suis cet indicateur avec une très grande rigueur, parce que si je m’aperçois qu’il y avait une explosion du nombre d’hospitalisations et de réanimations, je serais obligé de prendre des mesures beaucoup plus dures. »

6/ Y a-t-il des villes, des territoires ou schémas qui sont plus concernés ?

« Un point d’attention un peu plus fort [est observé] dans la partie sud de l’Ardèche. Mais aujourd’hui, toute l’Ardèche est concernée. Les tranches d’âge les plus contaminées [se divisent en] deux grandes catégories.

  • les enfants de moins de 12 ans. On peut le comprendre, ils ne sont pas vaccinés, donc pas protégés. Et ils ont peut être un peu plus de mal à respecter les gestes barrières, donc ils sont facilement contaminants. Nous avons aujourd’hui 32 classes qui sont fermées.
  • L’autre catégorie contaminante, c’est les 25/55 ans, la tranche d’âge qui travaille, qui a beaucoup de relations sociales et qui, en Ardèche, est celle qui est le moins vaccinée : 10 points de moins que la moyenne nationale. »
Le Préfet de l’Ardèche n’exclut pas de prendre des mesures plus restrictives à l’approche des fêtes. Photo Gauthier Dupraz / Préfecture de l’Ardèche.

7/ Avez-vous un dernier message à adresser aux Ardéchois ?

« Mon message, c’est : s’il vous plaît, faites attention. Nous avons tous besoin de passer des fêtes de Noël dans de bonnes conditions. Mais pour cela, il faut se faire vacciner, être vacciné, et surtout respecter avec la plus grande rigueur la totalité des gestes barrières. »

Réécoutez l’interview du Préfet de l’Ardèche au micro de Guillaume SOCKEEL :

0312 INVITE PREFET

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Écrit par Guillaume Sockeel

Guillaume Sockeel, journaliste à la pointe de l'actu. D'une réactivité et d'une rigueur sans faille, il a un faible pour le vin, les uniformes... et les demi-échangeurs. L'équipe ne serait rien sans ses jeux de mots capillotractés (mais le mystère des stylos disparus serait peut être résolu ! )

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