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Débat télévisé : l’analyse d’un expert électoral ardéchois

Lors du débat d'entre deux-tours, en 2017. Capture d'écran TF1/LCI

C’est le gros temps fort de la campagne présidentielle : le traditionnel débat d’entre-deux tours. Il opposera ce soir à 21 heures Emmanuel Macron et Marine Le Pen.  Parmi les thèmes abordés : la situation internationale avec la guerre en Ukraine, l’environnement, la jeunesse, la sécurité ou encore l’immigration. Après tirage au sort, contrairement à 2017, Emmanuel Macron sera sur la gauche, Marine le Pen à droite du plateau. Le débat sera présenté par Gilles Bouleau et Léa Salamé. Rien n’a été laissé au hasard, tout a été négocié en amont  avec les équipes des deux candidats, jusqu’à la température du plateau : 19 degrés !

 

Emmanuel Saint-Bonnet, expert électoral installé dans le département de l’Ardèche, revient sur les enjeux de cette soirée.

 

Chérie FM : C’est donc le même duel qu’en 2017 avec Emmanuel Macron et Marine Le Pen ? Est-ce que les enjeux sont les mêmes, sachant que Marine Le Pen a réalisé un plus gros score ?

Emmanuel Saint-Bonnet : « Ce qui va se passer au deuxième tour, c’est qu’on va avoir un corps électoral qui sera très, très différent de celui du premier. Effectivement, il y a des gens qui, soit ne se déplaceront pas, soit voteront blanc. Il faudra bien regarder les bulletins blancs au soir du deuxième tour, ça risque d’être assez impressionnant. Et puis, il y a des gens qui ne se sont pas déplacés et qui attendent le deuxième tour. Ils se déplaceront et ils choisiront à ce moment-là. Mais n’est pas le même contexte. On avait en 2017 une Marine Le Pen qui se présentait pour la deuxième fois, mais qui était quand même encore relativement nouvelle. Et on avait Emmanuel Macron, qui surgissait de presque nulle part. Là, on a un président sortant avec un bilan, avec un passif sans doute aussi, comme l’a dit Mitterrand à Giscard lors du débat de 1981. Je pense que Marine Le Pen devrait appuyer là-dessus aussi, donc ça ne sera pas si facile que ça ! »

 

Depuis le premier débat, Emmanuel Macron a gouverné pendant cinq ans. De son côté, Marine Le Pen a sans doute appris de ses erreurs du premier débat en 2017 avec Emmanuel Macron…

« Très certainement, parce qu’elle a été véritablement piégée, quand Emmanuel Macron, quelques jours avant le débat, avait dit « de toute façon, si madame Le Pen est incorrecte, si elle est irrespectueuse, je quitte le plateau ». Ce qu’il n’a pas fait, bien entendu, et il l’a poussée à la faute. Elle a été effectivement assez hargneuse, assez odieuse. Et lui, bien entendu, n’avait absolument pas l’intention de quitter le plateau. Donc je pense qu’elle a quand même tiré des leçons de cette affaire et que les choses vont se passer très différemment.

Franchement, on ne peut pas prévoir ce qui va se passer. Après, est-ce que ce débat va être décisif ? Il va peut-être déplacer un certain nombre de dizaines de milliers de voix. Mais je pense que beaucoup de gens se sont déjà fait leur idée et se feront leur idée après ce débat. »

 

Ça veut dire concrètement que le débat peut inverser la tendance d’une manière ou d’une autre ?

« Oui, il peut tout à fait, par exemple en 1974, le « vous n’avez pas le monopole du cœur » (prononcé par Giscard à Mitterrand, ndlr), vu le faible écart entre Giscard et Mitterrand, ça a peut-être joué. Maintenant, n’oublions pas qu’autant en 1974, le débat télévisé était nouveau, il y en avait pas vraiment eu avant, c’était le premier, autant aujourd’hui, on sait très bien que la télévision a perdu énormément de terrain au niveau de l’information. Donc ça va déplacer des voix mais ça n’en déplacera pas tant que ça. Si le score est très serré, on pourra se dire après coup : ah oui, c’est parce que Macron a dit ça ou Le Pen a dit ça. C’est possible. »

 

Retrouvez l’interview d’Emmanuel Saint-Bonnet par Guillaume Sockeel : 

1504 INVITE EMMANUEL SAINT BONNET

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Écrit par Guillaume Sockeel

Guillaume Sockeel, journaliste à la pointe de l'actu. D'une réactivité et d'une rigueur sans faille, il a un faible pour le vin, les uniformes... et les demi-échangeurs. L'équipe ne serait rien sans ses jeux de mots capillotractés (mais le mystère des stylos disparus serait peut être résolu ! )

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