Ce n’est pas tous les jours que ça arrive : le monde de la justice se mobilise aujourd’hui. Magistrats, greffiers, fonctionnaires et avocats ont prévu de se faire entendre, ce mercredi 15 décembre, aux niveaux national et régional. Ces professionnels du droit demandent des moyens matériels et humains supplémentaires. En résumé, ils souhaiteraient que l’on permette à la justice de fonctionner dans de bonnes conditions. Pour eux, la coupe est pleine. « Il y a un sentiment d’abandon », dénonce Dominique Dalègre, vice-président du Tribunal de Grande Instance (TGI) de Valence et représentant de l’union syndicale des magistrats (USM).

Du retard dans le traitement des procédures
« Il y a une concentration de difficultés matérielles, […] et une accumulation de lois, une bouillie législative infâme avec des textes qui ne sont ni réfléchis, ni concertés […] On n’en peut plus ». Le magistrat valentinois compare la situation actuelle avec celle de l’hôpital : « Ils manquent de lit, ils manquent de personnel soignant, et on leur dit : ce n’est pas grave, c’est juste une question de méthode et d’organisation ! »
Cette situation, que la crise sanitaire liée à l’épidémie de coronavirus n’a pas arrangé, entraîne du retard dans le traitement des procédures. « Les audiences sont pleines sur l’année qui vient. On va commencer les renvois, si ce n’est déjà fait, sur 2023« . Les exemples ne manquent pas. « Quelqu’un qui a une suspension de permis, entre le moment où il fait son infraction et le moment où son permis lui sera effectivement retiré en exécution de peine, il peut se passer deux ans ».
#mepris #JusticeMalade mobilisons-nous le 15 décembre avec @USM_magistrats pour ouvrir les yeux et le cœur de ce ministère sourd et aveugle ! Tous devant Bercy https://t.co/JmF6csFu35
— USM Magistrats (@USM_magistrats) December 14, 2021
Une justice au bord de l’implosion
Une justice débordée, fatiguée, et au bord de l’implosion, selon ces professionnels. Isabelle Bloch, juge d’application des peines à Valence et représentante du syndicat de la magistrature, ne dit pas autre chose. « Les gens attendent pendant des heures dans la salle. Il sont convoqués, quand ils sont libres, à 13 h 30. Ils passent à 22 heures dans le meilleur des cas. Et pour les gens qui sont en comparution immédiate, déférés, ils sont jugés à la va-vite, parce qu’on a pas le temps d’entrer dans les détails, de réfléchir à la peine qu’on va leur infliger, d’avoir des renseignements de personnalité. Et il faut bien le dire, au bout d’un moment on n’écoute pas. On n’écoute plus à 11 heures du soir ! »
Mobilisation régionale et nationale
Les magistrats, mais aussi les greffiers, fonctionnaires et avocats du territoire vont se mobiliser aujourd’hui à Grenoble. Au niveau national, une manifestation est prévue à midi devant le ministère de l’Economie, à Bercy.
Mobilisation générale pour la Justice le 15 décembre ! Notre communiqué commun, signé par 17 organisations professionnelles et syndicales d’avocats, fonctionnaires de greffe, magistrats : https://t.co/G2DiUJS3ob pic.twitter.com/ETDzgLrZMu
— SMagistrature (@SMagistrature) December 7, 2021
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