Des représentants de l’autorité judiciaire qui alertent publiquement leur hiérarchie par voie de presse, c’est rarissime. Ce mercredi après-midi, le président du Tribunal Judiciaire de Valence, la Procureure de la République par intérim, la directrice du greffe par intérim et le bâtonnier de l’ordre des avocats de la Drôme ont pourtant pris la parole pour dénoncer les conditions de travail « minables » dans cette juridiction drômoise. C’est dire si la coupe est pleine. Magistrats et avocats avaient déjà alerté sur la situation en décembre dernier. Tous dénoncent trois grandes problématiques : l’immobilier, l’informatique et les ressources humaines. La Drôme compte 5,85 magistrats du siège et 1,89 procureur pour 100 000 habitants, contre respectivement 10,9 et 3/100 000 au niveau national… Difficile, avec ces données, d’imaginer une justice rendue dans de bonnes conditions.
La crainte d’un geste malheureux
Entre absences et burn-out, les fonctionnaires et magistrats du Tribunal seraient à bout de souffle. « Ma hantise, c’est qu’on ait un mauvais geste dans la juridiction », alerte le président Luc Barbier, qui dit voir « régulièrement des gens pleurer ». Allusion, notamment, au suicide d’une magistrate à Béthune… Un mal-être profond, qui entraîne des répercussions sur le rendu des jugements en matière pénale. Les auteurs et leurs victimes attendent en général de 12 mois à un an et demi pour être fixé… et un an supplémentaire en cas de renvoi. Plaignants et prévenus sont d’ailleurs souvent amenés à se retrouver dans la même pièce, faute d’effectifs, de moyens et de place.
Un plan d’urgence réclamé
Luc Barbier le constate implacablement : « Il n’y a aucune sécurité ».. Et le magistrat de citer au passage l’attentat de Romans, les assassinats de janvier 2021 à Valence et Guilherand-Granges, et les règlements de compte sur fond de trafic de stupéfiants, qui amènent un public nombreux et hétéroclite dans les couloirs du Tribunal. Pour ne rien arranger, l’état général des bâtiments laisse à désirer : « Je pense que ce tribunal était adapté il y a 25 ans », poursuit le magistrat. « On demande que l’on réfléchisse à la construction d’un palais de justice du 21ème siècle ». Plus globalement, les professionnels de la justice lancent un appel à un plan d’urgence.
Interviews à écouter ce jeudi sur Chérie FM Vallée du Rhône.
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